1915-06-05-DE-001
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Source: DE/PA-AA/R14086
Central register: 1915-A-18530
Edition: Genocide 1915/16
Date of entry in central register: 06/11/1915 p.m.
Embassy/consular serial number: No. 349
Translated by: Vera Draack (Translation sponsored by Zoryan Institute)
Last updated: 10/26/2012


From the Ambassador in Constantinople (Wangenheim) to the Reichskanzler (Bethmann Hollweg)

Report



No. 349
Pera, June 5, 1915

2 enclosures

As already reported by telegram, the statement, published by Agence Havas, of the three Allied Powers concerning the persecution of the Armenians in Turkey has been answered by the Supreme Porte in detail and it informed its embassies in Berlin and Vienna of its answer. However, nothing has been published on this subject in the local official and unofficial press, and I assume that the Porte is refraining from doing so, at least for the present, in order not to draw the population's attention to this matter.

The answer given by the Porte, a transcript of which was given to me by the Grand Vizier and which I enclose, is significantly more explicit than the brief draft which I had given it for this purpose, but otherwise it followed the train of thought in the draft.

Incidentally, this document contains various details on the Armenian movement which were not known here until now; for example, the information given on the activity of the former Member of Parliament, Pastirmadjian, and the leader of the Dashnakists, Suren, from Erzurum, gives the key to the deportation of the Armenians from Erzurum decreed by the government.

The number of Armenians arrested in Constantinople (and banished to Anatolia) is given as 235 on page 6 of the enclosure; in reality it is probably far more, over 400. The former figure probably refers only to those Armenians who are members of one of the revolutionary parties and are also in prison in the town to which they were banished, while the freedom of the rest was not limited in any special way. Of these latter people, some twenty have meanwhile received permission to return here.


Wangenheim
Enclosure 1

L’Agence Havas a annonce, le 24 Mai dernier ce qui suit:
Le Gouvernement Impérial Ottoman oppose aux assertions et prétentions contenues dans la déclaration précitée, le démenti le plus formel.

Il est complément faux qu’il y ait eu des massacres d’Arméniens dans l’Empire. Les éclaircissements suivants sont donnés pour établir les faits sous leur véritables jour:

Les Arméniens d’Erzéroum, Dertchun (Terdjan), Eguin , Sassoun, Bitlis, Mouche et de la Cilicie n’ont été l’objet d’aucune mesure de la part des Autorités Impériales, puisqu’ils n’ont commis aucun acte de nature à troubler l’ordre et la tranquillité publics. Cette vérité est connue, du reste, les Consuls des Puissances neutres. Les accusations des Gouvernements de la Triple Entente à ce sujet ne sont donc que mensongères.

Ceux qui sont au courant des choses d’Orient savent parfaitement que ce sont les agents de la triple Entente particulièrement ceux de la Russie et de l’Angleterre, qui, profitant de chaque occasion, excitent à la révolte contre le Gouvernement Impérial les populations arméniennes. Ces agissements continuels se sont accentués dès le début des hostilités entre l’Empire Ottoman et lesdits Gouvernements. C’est ainsi que leurs Consuls et autres agents en Bulgarie et en Roumanie ont envoyé des bandes de jeunes Arméniens Ottomans au Caucase par voie de Varna, Soulina, Constantza etc. Le Gouvernement Russe n’a pas manqué soit d’enrôler ces jeunes Arméniens Ottomans dans son armée, soit de les introduire dans les centres arméniens de l’Empire, après leur avoir fourni des armes et des bombes et les avoir munis de proclamations et de programmes révolutionnaires. Ils avaient pour mission de créer dans ces centres une organisation révolutionnaire secrète et d’amener les Arméniens de ces régions et particulièrement ceux de Van, Chatak, Havassour, Kevach et Timar à s’insurger à main armée contre le Gouvernement Impérial. Ils les poussaient en même temps à massacrer les Turcs et les Kurdes.

Il est utile de citer l’exemple suivant:

A la suite de l’ouverture des hostilités entre l’Empire Ottoman et la Russie, l’ancien député Ottoman Karakin Pasdirmadjian, connu sous le nom d’,,Armen Garo’’, entra dans la bande formée par les chefs de comités arméniens Tro et Hetcho. Il passa la frontière Ottomane à la tête des volontaires arméniens armés par la Russie de concert avec les deux chefs susmentionnés.

Lors de l’occupation de Bayazid par les Russes, il détruisit tous les villages musulmans qu’il rencontra sur son chemin et massacra leurs habitants. Quand les Russes étaient chassés de ces régions il tomba blessé et le nommé Suren, délégué des Tachnaks d’Erzéroum, fut tué à ses côtés.

Pasdirmadjian se trouve actuellement avec sa bande en activité sur la frontière du Caucase.

Le journal ,,Asbarez’’, organe des Tachnaksoutioun, paraissant en Amérique a publié sa photographie prise ensemble avec Tro et Hetcho au moment où ils célébraient une cérémonie religieuse de prestation de serment avant leur départ pour la guerre.

Ce mouvement séparatiste s’est affirmé bientôt d’une façon plus positive par l’action des Arméniens (dont Toros oghlou Aghop sur qui on a trouvé des papiers attestant incontestablement le but criminel poursuivi) que les Autorités anglaises ont amenés de Chypre et débarqués aux environs d’Alexandrette. L’agitation ainsi préparé a eu entre autres résultats, celui de provoquer le déraillement de trains.

D’un autre côté les commandants des forces navales anglo-françaises entraient en correspondance avec les Arméniens de la région d’Adana, Deurt-Yol, Youmourtalik, Alexandrette, et des autres localités du littoral et instiguaient ceux-ci à la révolte.

En ce qui concernent particulièrement les Arméniens de Zeitoun, c’est à la suite de cette propagande faite par les Gouvernements anglais et français, que l’organisation révolutionnaire arménienne est entrée en action à Zeitoun dès le mois de février. Les Arméniens de cette ville se soulevèrent armés contre les Autorités Impériales et cernèrent la résidence du Gouverneur.

En présence de ces faits, un devoir s’imposait au Gouvernement Impérial, celui de réprimer la révolution et de maintenir l’ordre public.

Le droit qu’avait le Gouvernement Impérial de prendre toutes les mesures que nécessite la répression d’un pareil mouvement révolutionnaire et séparatiste découle directement des droits de souveraineté, ce que personne ne saurait lui contester. En outre ces mesures revêtent comme dans le cas dont il s’agit un caractère particulier d’urgence et d’importance en temps de guerre.

Le Gouvernement Impérial se vit donc obligé de recourir d’une part à la répression militaire et d’autre part d’opérer l’arrestation des révolutionnaires arméniens qui étaient en relation avec les comités révolutionnaires à l’étranger et les Agents des Puissances de la Triple Entente. Contrairement aux assertions des trois Gouvernements précités, l’action répressive du Gouvernement Impérial a eu lieu sans la moindre participation des éléments quelconques de la population. Les perquisition faites dans les demeures des révolutionnaires arméniens amenèrent la découverte de drapeaux révolutionnaires et de documents importants concernant l’insurrection qu’ils fomentaient, ainsi que les visées séparatistes de ce mouvement. Ces documents prouvaient en outre que les comités révolutionnaires qui siègent actuellement à Paris, Londres et Tiflis, jouissent de la protection effective des Gouvernements anglais, français et russe. Les perquisitions opérées en même temps dans les provinces faisaient découvrir chez les Arméniens des milliers de bombes et de fusils russes. Ces Arméniens arrêtés furent naturellement déférés aux Juridictions compétentes en temps que ceux qui sur l’instigation des Agents anglais, français et russe s’étaient soustraits au service militaire et qui, dans ce but, avaient attaqué les gendarmes.

Le Gouvernement Impérial est aussi en possession aujourd’hui de documents qui prouvent que le mouvement dont il s’agit a été préparé sous les auspices des Gouvernements russes, anglais et français et que le dernier congrès révolutionnaire arménien tenu à Constantza a décidé d’agir au moment propice bien qu’il ait voulu paraître publiquement comme ayant renoncé au mouvement insurrectionnel.

La Sublime Porte publiera en temps opportun tous ces documents en détail en vue d’éclairer l’opinion publique.

Grâce donc aux mesures d’ordre public prises par le Gouvernement Impérial dans la plénitude de ses droits, le mouvement révolutionnaire des Arméniens peut être réprimé sans qu’aucun massacre n’eut lieu.

Ces mesures ont du reste été nécessitées par les circonstances et ne constituent nullement un mouvement contre les Arméniens, vu que sur les 77835 Arméniens qui habitent Constantinople, 235 seulement - prévenus de complicités dans le mouvement révolutionnaire en question - ont été arrêtés, tandis que tous les autres vaguent tranquillement à leurs affaires et jouissent de la plus grande sécurité.

Si certains Arméniens ont dû être déplacés, c’est parce qu’ils habitaient des localités sises dans les zones de guerre, où leur présence, vu ce qui précède, inspirait au Gouvernement Impérial de légitimes inquiétudes au point de vue de la défense nationale. La Sublime Porte considère d’ailleurs de son devoir d’adopter telles mesures qu’il juge nécessaires pour assurer la sûreté de ses frontières terrestres et maritimes et qu’il n’a à en rendre compte à aucun Gouvernement étranger.

N’est-il pas paradoxal d’entendre les Gouvernements anglais, français et russe faire appel aux sentiments d’humanité quand les commandants des forces navales anglo-françaises aux Dardanelles font tirer sur les ambulances et les hôpitaux et que de son côté le Gouvernement russe fait massacrer par les Arméniens des milliers de Musulmans paisibles aux environs de Kars et laisse impitoyablement mourir de faim ou de soif ou fait tuer à coups de crosse par les mêmes Arméniens les prisonniers ottomans pris au Caucase? Ce n’est pas en Turquie, mais bien en Russie, que les Consuls des Etats belligérants ont été soumis aux pires traitements. Les dirigeants anglais, français et russes ne se sont pas contentés de préparer ainsi le soulèvement des Arméniens; ils ont fait aussi des tentatives pour soulever également contre le Gouvernement de sa Majesté le Sultan l’élément musulman. Pour atteindre leur but, ils ont même organisé la perpétration de crimes personnels, dont les preuves sont tombées entre les mains de la Sublime Porte. Ces pratiques inqualifiables n’ont pas été vues même dans les temps les plus reculés et les plus entachés d’actes de cruauté.

Les Gouvernements anglais, français et russe qui, lors des soulèvements et agitations au Caucase, au Maroc, en Egypte, aux Indes, etc. ont eu à les réprimer de la façon la plus violente et par des procédés absolument inhumains, sont malvenus de reprocher au Gouvernement Ottoman les mesures de répression qu’il s’est vu forcé de prendre et qu’il a appliquée du reste avec la plus grande modération et équité.

Le Gouvernement Ottoman n’ayant fait en cette occurrence qu’exercer le plus élémentaire de ses devoirs de souveraineté, l’assertion d’après laquelle les membres du Gouvernement Impérial et les autres fonctionnaires de l’empire seraient tenus responsables du chef des mesures de répression susdites, ne mérite aucune réplique. C’est bien plutôt aux Puissances de la Triple Entente qu’incombe toute la responsabilité des événements dont elles se croient devoir se plaindre vu que ce sont des Puissances mêmes qui ont organisé et dirigé le mouvement révolutionnaire dont il s’agit et leur Déclaration elle-même constitue un appui et un encouragement manifestes à l’égard des agitateurs arméniens.


Enclosure 2


(Draft for the Sublime Porte)

L’Agence Havas annonce ce qui suit:


Voici la réponse de la Sublime Porte à cette notification:

il est faux qu’il y ait eu depuis le commencement de la guerre des massacres d’Arméniens d’Erzeroum, Bitlis, Sassoun ou ailleurs par les Turcs ou Curdes; ces prétendues massacres n’existent que dans l’imagination de nos ennemies;

par contre il est vrai que depuis l’ouverture des hostilités des Agents Russes et Anglais ont essayé par tous les moyens d’exciter les Arméniens Ottomans contre le Gouvernement Ottoman;

de même il est vrai qu’à Van et dans les environs de cette ville les Arméniens munis des armes fournies de l’étranger et soutenus par des bandes d’irréguliers se sont dernièrement levés en masse et ont massacré sans pitié les habitants musulmans;

enfin il est vrai que les habitants de Zeitoun malgré la clémence dont le Gouvernement Impérial a usé vis-à-vis d’eux dans le passé à plusieurs reprises, ont persisté dans leur désobéissance contre les ordres du Gouvernement et ont même attaqué les troupes impériales.

Les preuves des faits précités se trouvent entre les mains du Gouvernement Impériale.

Or, si la Sublime Porte a pris certaines mesures de police pour assurer l’ordre public, elle n’a obéi qu’au devoir qui incombe à tout Gouvernement en pareille occasion et surtout en temps de guerre; et elle continuera dans cette voie sans se laisser intimider des menaces de ses ennemies. Quant aux suites regrettables que ces mesures de répression pourraient avoir pour les éléments paisibles de la population, elle en rejette la responsabilité sur ceux qui dans le but de créer des difficultés au Gouvernement Impérial, ont provoqué et fomenté les désordres et la révolte. Si enfin nos ennemis ont jugé convenable de parler dans leur notification d’humanité et de civilisation, ces mots sont mal placés dans la bouche de ceux qui se sont livrés à toute sorte d’atrocités sur les prisonniers de guerre et civile qui étaient tombés entre leurs mains; nous rappelons notamment à la Russie les mauvais traitements qu’elle a infligés au personnel des Consulats Allemands en Russie, et la déportation dernièrement décrétée de toute la population israélite de ses provinces occidentales, mesures qui n’étaient ni dictées par les exigences militaires ni inspirées par des sentiments d’humanité et de civilisation.



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