1916-05-12-DE-001
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Source: DE/PA-AA/R14091
Central register: 1916-A-13207
Edition: Genocide 1915/16
Date of entry in central register: 05/19/1916 a.m.
Embassy/consular serial number: Nr. 237
Translated by: (Translation sponsored by Zoryan Institute)
Last updated: 03/23/2012


From the Armenian Patriarch in Constantinople, Zaven II, to the German Embassy Constantinople

Petition




Constantinople, le 12 Mai 19161

Monsieur l’Ambassadeur,

J’ai l’honneur, il y a quelques mois, de porter à la connaissance de Votre Excellence la situation intolérable du peuple Arménien en Turquie à cause des persécutions auxquelles il était soumis et j’avais demandé l’intervention du gouvernement Impérial allemand afin qu’on se contente au sang de centaines de milliers de victimes et qu’on permette aux débris de ce peuple malheureux de vivre désormais tranquille.

Depuis il s’est passé plusieurs mois et le nombre des victimes a augmenté et s’augmente encore. Des milliers meurent tous les jours de maladies et de manque de vivres, en raison de la conduite non-bienveillante du Gouvernement Ottoman. Les transférés exilés depuis un an de leurs foyers, dénués de tout et dans le plus misérable état, n’ont pas pu encore obtenir le droit de se fixer quelque part; ils errent comme des vagabonds dans les déserts de Mésopotamie et de Syrie où le yatagan des «tchetés» en moissonne des milliers comme cela a eu lieu dernièrement à Ras-ul-Aïn.

Le transfert n’a pas encore cessé. Les quelques familles demeurées à Castémouni, Angora, Marach, Andrinople etc. ont été exilées vers les déserts, et des centaines d’hommes sont exilés toutes les semaines sous divers prétextes, de Constantinople et de Smyrne. D’après une nouvelle loi, les meubles des malheureux transférés ont été saisis et vendus, tandis que leurs propriétaires meurent de privations et le Gouvernement a cessé le secours de morceau de pain sec qu’il leur accordait. Et pour comble de malheur les quelques hommes restés en vie, sont enrôlés laissant ainsi leur famille sans soutien.

En divers endroits, comme Rodosto, Andrinople, Césarée, Yosgad, Amassia, Samsoun etc. les quelques familles arméniennes dont le soutien est sous les armes, et que pour cette raison il leur fus permis de demeurer dans leur foyer, non seulement ne reçoivent pas la pension qui leur est due, mais elles sont soumises à toutes sortes de pressions pour embrasser l’Islamisme.

Les arméniens se trouvant dans différentes endroits des provinces de Konia, d’Andrinople, de Brousse etc. sont privés des consolations de la religion, parce que le gouvernement leur a défendu d’entrer dans leurs églises pour y prier.

La plupart des évêques étant massacrés, les quelques uns restés en vie gémissant dans les prisons, même à Constantinople, ou sont exilés dans des villages musulmans. Et cette politique de persécution continue avec la même sévérité, ayant pour but, non pas la répression d’une soi-disant insurrection arménienne, puisque le gouvernement n’a affaire qu’à des femmes et des enfants, mais l’anéantissement de l’élément arménien en Turquie.

Monsieur l’Ambassadeur, je m’adresse une seconde fois à Votre Excellence, au nom de l’humanité, parce que j’ai la foi ferme qu’une Puissance civilisée comme l’Allemagne ne peut jamais consentir à un crime tel dont l’exemple n’existe pas dans l’histoire de l’humanité, et elle seule peut adoucir la colère injuste dont le gouvernement ottoman poursuit la nation arménienne.

Des femmes et des enfants privés d’asile, de vivres et de soutien, étant relativement civilisés sont soumis aux caprices des tribus sauvages; nus, affamés, errant dans les déserts aux sables brûlants, ces milliers de malheureux dirigent leurs regards plein de larmes vers la grande Nation Allemande et son tout-puissant Empereur, implorant une goutte de pitié chrétienne et d’humanité.

L’Allemagne qui combat depuis deux ans pour les droits des peuples opprimés, restera-t-elle toujours indifférente envers un peuple séculaire qui se tord dans les griffes de la mort?

Ce sont les cris et les supplications d’un père malheureux qui se trouvent devant les corps déchirés de ses enfants.

En espérant, Monsieur l’Ambassadeur, que ces cris seront entendus, je prie pour le bonheur et la prospérité de l’Allemagne et pour la santé de Votre Excellence.

Patriarche des Arméniens de Turquie


[Arch. Zaven Derrghiayan]


[Translated by George Shirinian]

Constantinople, May 12, 1916

Mister Ambassador,

I had the honor, a few months ago, to bring to the attention of Your Excellency the intolerable situation of the Armenian people in Turkey owing to the persecutions to which it was being subjected and I had asked for the intervention of the Imperial German government so that it would be satisfied with the blood of hundreds of thousands of victims and that it would allow the remains of these wretched people to live from now in peace.

Since then several months have passed, and the number of the victims has increased and is increasing further. Thousands are dying every day from disease and lack of food, because of the destructive conduct of the Ottoman Government. The deported, exiled from their homes for a year, stripped of all and in the most miserable state, have not been able yet to obtain the right to settle somewhere; they wander like vagrants in the deserts of Mesopotamia and Syria, where the Yataghan of the "chetes" harvests some thousands like that which took place recently at Ras-ul-Ain.

The deportations continue. The few families remaining in Kastemonu, Ankara, Marash, Adrianople, etc., have been exiled towards the deserts, and hundreds of men every week are exiled under various pretexts, from Constantinople and Smyrna. According to a new law, the belongings of the wretched deportees have been seized and sold, while their owners die of deprivations and the Government stopped the aid of a piece of dry bread that it had granted to them. And as a crowning misfortune, the few men left alive are enlisted [for labor], thus leaving their family without support.

In various places, like Rodosto, Adrianople, Kaisaria, Yosgad, Amassia, Samsun, etc., the few Armenian families whose support is from the army, and which for this reason it was allowed them to remain in their homes, not only do not receive the pension which is due them, but they are subjected to all kinds of pressures to embrace Islam.

The Armenians found in different places in the provinces of Konia, Adrianople, Brusa, etc., are deprived of the solace of their religion, because the government forbids them from entering their churches to pray there.

While the majority of the bishops have being massacred, the few who remain alive are groaning in prison, even in Constantinople, or are exiled in Moslem villages. And this policy of persecution continues with the same severity, having for its goal not the repression of a so-called Armenian insurrection, since the government deals only with women and children, but the destruction of the Armenian element in Turkey.

Mister Ambassador, I address myself a second time to Your Excellency, in the name of humanity, because I have the firm faith that a power as civilized as Germany can never consent to such a crime, without precedent in the history of humanity, and it can only soften the unjust rage with which the Ottoman Government pursues the Armenian nation.

Women and children deprived of asylum, food and support, being relatively civilized, are subjected to the whims of wild tribes; naked, famished, wandering in the burning sands of the deserts, these thousands of wretched people direct their glances full of tears towards the great German Nation and its all-powerful Emperor, begging for a drop of Christian pity and humanity.

Will Germany, which has fought for two years for the rights of oppressed people, remain always indifferent towards an ancient people who are writhing in the claws of death? These are the cries and supplications of an unhappy father who finds himself in front of the torn bodies of his children.

While hoping, Mister Ambassador, that these cries will be heard, I pray for the happiness and the prosperity of Germany and for the health of Your Excellency.


Patriarch of the Armenians of Turkey
[Arch. Zaven Der Eghiayan]

1Letter presented to the Reichskanzler in transcript (No. 237) on 15 May 1916.



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