Monsieur l'Ambassadeur,
Dans un entretien récent avec moi Votre Excellence a bien voulu me dire, entre autre, que dans ses derniers pourparlers avec la Porte au sujet des réformes à introduire dans les vilayets arméniens l'Ambassadeur Impérial aurait formuléde nouvelles exigences que n'entraient pas dans le programme qui avait été défendu auparavant par lui d'accord avec son Collègue d'Allemagne.
Pour éviter tout malentendu possible dans une question où la coopération entre nos deux pays a pu s'affirmer si heureusement, je crois devoir Vous informer que je n'ai par manqué de soumettre toute cette affaire à l'examen le plus minutieux.
Ainsi que Votre Excellence le sait, après de longs pourparlers avec la Porte un projet de note de la part du Gouvernement Ottoman aux Ambassadeurs à Constantinople a été élaboré il y a tantôt six semaines. La réponse du Grand Vésir se faisant attendre, l'Ambassadeur de Russie ainsi que Mr. le Baron de Wangenheim visitèrent ensemble quelques jours avant le départ de ce dernier au congé le Grand Vésir que leur fit observer que le retour à l'idée des Inspecteurs Généraux choisis par les Puissances serait à son point de vue préférable à l'institution de Conseillers européens.
Les deux Ambassadeurs ayant acquiescé au vœu du Grand Vézir, ce dernier remit il y a quelques jours à Mr. de Giers le projet d'une nouvelle note où il était question, cette fois, d'Inspecteurs Généraux sans toutefois tenir compte des observations précédentes de l'Ambassadeur de Russie.
L'Ambassadeur répondit qu'il ne manquerait pas de transmettre ce projet à St. Pétersbourg tout en exprimant le doute qu'il y serait accepté.
En confrontant le nouveau projet de la note avec celui qui a été élaboré au mois de Novembre et que le Gouvernement Impérial envisageait comme représentant la dernière limite des concessions auxquelles nous pourrions consentir, je n'ai pas pu m'empêcher de constater avec étonnement que la Porte avait omis plusieurs points des plus importants ainsi que Vous voudrez bien Vous en rendre compte du tableau ci-joint.1
Je me suis vu obligé en conséquence d'inviter l'Ambassadeur Impérial a insister auprès de la Porte pour que les points en question fussent rétablis dans la nouvelle note.
En portant ce qui précède à la connaissance de Votre excellence j'espère qu'elle voudra bien reconnaître que durant les longs pourparlers avec la Porte nous avons fait preuve d'un réel désir d'arriver à une entente sauvegardant l'amour propre légitime ainsi que les intérêts bien compris de la Turquie. Je me plais a constater en même temps que l'Allemagne ne nous a par refusé son appui dans ces pourparlers en reconnaissant le bien fondéde nos demandes.
Veuillez agréer, Monsieur l'Ambassadeur, l'assurance de ma haute consídération.
St. Petersbourg, le 29. Décembre 1913.
Anlage 2